GATTAZ EXIGE LE DROIT DE POUVOIR LICENCIER SANS MOTIF

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On atteint une sorte de paroxysme dans les revendications du Medef pour casser le droit du travail. Enhardi par les champs idéologiques qui sont politiquement ouverts devant lui par l’UMP et par le gouvernement Valls, Pierre Gattaz ne se sent plus : il réclame la fin des 35 h, la fin du Smic, la suppression des délégués du personnel, des CHSCT et des prud’hommes, le pouvoir de « licencier sans motif ».

En plus il revient déjà sur sa signature de l’ANI du 11 janvier 2013, pour ce qui est de limiter les CDD, il réclame un contrat de travail unique limité à 5 ans dans le privé comme dans le public, il rejette le « plancher » de 24 h pour les temps partiels, il conteste la mise en place pourtant extraordinairement limitée de salariés dans les conseils d’administration – toutes mesures qu’il avait encore approuvé dans la loi du 14 juin 2013.

Il demande la libéralisation du travail du dimanche et de nuit ainsi que celle du « portage salarial ». Il réclame la fin des cotisations sociales et donc, la fin de la Sécu au profit d’un millefeuille de complémentaires et assurances privées, la retraite à 65 et 70 ans, la fin de la médecine du travail, et la casse de l’indépendance de l’inspection du travail qu’il qualifie même, pour les besoins de sa propagande, de « trotskisée » (sic).

Gattaz déjuge aussi bien les « contrats » qu’il a signé que les « lois » qu’il a approuvées : en organisant la campagne contre le code du travail « trop gros » et « trop compliqué », il veut remettre en cause tout état de droit dans les entreprises. « La liberté de penser s’arrête là où commence le code du travail » expliquait Laurence Parisot, qui ajoutait « La vie, la santé, l’amour sont précaires pourquoi le travail ne le serait il pas ? »

Pourtant la droite avait « recodifié » entièrement déjà le code du travail entre décembre 2004 et le 1er mai 2008, supprimant au passage 500 lois, réduisant le texte de 10 %, divisant les 1150 lois en 3850… En opportunité, ils croient l’heure arrivé de casser tous les droits et d’en revenir à un libéralisme sauvage façon XIXe siècle.

Licencier sans motif, c’est leur rêve, c’est leur idéal suprême.

Car cela fait sauter tous les garde-fous, cela fait peser la peine de mort du contrat de travail en direct sur la nuque de chaque salarié. C’est l’atteinte ultime à tout droit, à toute dignité du salarié : le patron aura le droit de lui dire « – Dehors et je n’ai pas à te dire pourquoi ». C’est un « CNE » ou un « CPE » à vie, une période d’essai permanente. A tout âge vous pouvez être chassé sans motif. Au bout de 5 ans ou de 35 ans de carrière. Et si vous voulez encore contester ils vous auront enlevé les prud’hommes en commençant par supprimer les élections…

Ce qu’il y a d’exceptionnel avec le Medef c’est leur voracité, leur instinct de classe jusqu’au bout, ils ne s’arrêtent jamais, ils ne lâchent rien, ils n’ont aucune pitié, aucune limite, aucun compassion. Ce sont des suceurs de sang avides. Ils veulent payer moins cher la force de travail et pour cela, la mater. Revenir à un quasi esclavage ne l’effraie pas, au contraire c’est ça qui les tente.

Par exemple, exiger qu’il n’y ait plus de « durée légale » du travail, est un véritable défi : car supprimer les 35 h c’est baisser de façon drastique les salaires ! En effet les majorations de 25 % des heures supplémentaires des 36°, 37°, 38° et 39° heures seront supprimées. Cela fera aussi sauter le Smic calculé sur 35 h hebdomadaires et mensualisé sur 151 h 66. Faire sauter la durée légale de 35 h aidera à faire sauter la durée maxima d’ordre public de 48 h et ouvrira la porte à « l’opt out » britannique : les « contrats zéro heure » pouvant aller de 0 à…72 h… Contrats « au sifflet » : quand le patron veut, vous devez faire… sans protection de santé, de famille, de vie.

Autre exemple : plus de délégués du personnel dans les 97 % d’entreprises de moins de 50 c’est 8 millions de salariés sans représentation. C’est anticonstitutionnel mais ils s’en moquent. Sur 1,2 million d’entreprises, seulement 3 % ont plus de 50 salariés et il n’existe que 44 000 CHSCT en tout et pour tout… mais ils seront supprimés. Même chez AZF ?

Un contrat unique de 5 ans, c’est l’enfer sur la vie : pensez que vous obtenez un contrat à 25 ans. Vous bossez à fond pour qu’il soit renouvelé à 30 ans. Vous ne vous syndiquez pas pour qu’il le soit à 35 ans. Vous êtes encore plus dévoués et rendus serfs pour passer la barrière des 40 ans. A 45 ans, vous êtes déjà sur la sellette. A 50 ans, vous êtes menacé et avez peu de chance même en crevant d’ardeur au travail de passer les 55. Sans garantie horaire, dimanche et nuit, sans cotisations sociales protectrices, votre vie sera « précaire » en permanence.

Déjà l’ANI facilitait les licenciements, la casse des « carrières », les statuts des conventions collectives, développait les CDII (contrats à durée indéterminée intermittents – sic), ou mettait un plafond aux indemnités prud’hommes, là, sentant la gauche à ses pieds, le Medef, non seulement refuse de donner quoi que ce soit en échange des 41 milliards qui lui sont versés mais se déchaine.

Certains ont eu du mal parfois à croire ceux qui mettaient en garde, qui défendaient le code du travail attaqué ainsi ces deux dernières décennies, mais on est bientôt au bout : c’est l’heure de la conscience et de la révolte unitaire des syndicats et des salariés, ou bien sinon le Medef sonnera l’hallali.

Source

(1) Voir “In the air” avec Georges Clooney en licencieur sans motif, film de Jason Reitman.

« Lorsque tout va bien, les fous sont dans les asiles, en temps de crise ils nous gouvernent. »… Carl Gustav JUNG.

2 réflexions sur “GATTAZ EXIGE LE DROIT DE POUVOIR LICENCIER SANS MOTIF

  1. en fait , ce triste sire veut le beurre , l’argent du beurre et le sourire de la crémière ; cet imbécile ne connait pas le vieil adage : il faut savoir perdre pour gagner ; du coup , il ne va rien avoir du tout , car ce qu’il veut c’est remettre l’esclavagisme à jour ; retourner en arrière , au moyen age …au temps ou la population a guillotiné un roi ….le chatelain en veut trop , et nous prend pour des cons , tant pis pour lui…..

  2. ça c’est vrai , il faut avoir le droit de licencier sans aucun motif . pour les patrons ( pas tous heureusement ) l’ouvrier est serviable et corvéable . si l’entreprise a des problèmes économiques , ou bien si l’entreprise désire se délocaliser pour produire moins chère et vendre au même prix , voire plus chère ; alors , l’ouvrier doit de lui même s’autolicencier . ça, c’est ce qu’- aimeraient avoir certains patrons .

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