PROSTITUTION, ON LEGALISE OU ON PENALISE ?

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Comme pour la drogue, la prostitution est un débat où les positions sont souvent très tranchées. Alors, plutôt que de vouloir interdire la prostitution (d’ailleurs le voudrait-on que nous n’y pourrions rien), il faut lutter pour que ces femmes et parfois ces hommes ne tombent pas entre les mains des prédateurs sans pitié, souvent organisés en réseau mafieux, qui les contraignent à vendre leurs corps… Empêcher l’esclavage sexuel devrait être la lutte centrale de cette bataille … si on veut les protéger des mafieux et des clients pervers, il faut leur accorder le droit légitime d’exercer au grand jour avec toutes les garanties d’un travailleur indépendant voire d’un salarié. Comme avec la drogue, les mafieux sont les premiers à vouloir que les choses restent en l’état, et comme pour la drogue, la prohibition a l’effet inverse que l’effet escompté, il faut donc lutter contre le proxénétisme et non contre la prostitution.

Chacun en Europe essaie de réglementer la prostitution, mais personne n’a encore empêché son exploitation mafieuse. En France, où les maisons closes ont fermé en 1946, le plus vieux métier du monde est toléré, mais le racolage des clients est interdit. En Allemagne, l’activité est complètement légale, et si en Suède, qui applique la pénalisation du client depuis plus de 10 ans, la prostitution a disparu de moitié des trottoirs, elle se déplace sur internet. En condamnant la prostitution traditionnelle, ne risque-t-on pas de mettre en place une forme d’esclavage hors d’atteinte de la police et de la justice ? Des réseaux de traite et d’exploitation sexuelle peuvent, à peu de frais, créer un site internet, hébergé dans des cyber-paradis, l’alimenter en annonces et photographies diverses, et y déposer des annonces multiples. Ainsi, la rentabilité de leurs activités est maximale pour un risque minimal.

L’argent généré par la prostitution en France est évalué à plus de 3 milliards d’euros par an. Une prostituée rapporte en moyenne 120 000 euros à l’année, dont elle ne touchera que des clopinettes et quelques « raclées » en prime, car 80 % de tout ce qui touche au sexe est contrôlé par des organisations mafieuses. Alors, en considérant que l’abolition est une mission impossible, l’Etat ne devrait-il pas encadrer la prostitution choisie en rouvrant par exemple les maisons closes, avec un contrôle hyper-strict, et en fiscalisant les recettes générées par les travailleurs du sexe, ou alors, en laissant les éventuels candidats se déclarer en profession libérale ? Même si certains vont pousser des cris d’orfraie, la légalisation de la prostitution est une solution qui mérite d’être expérimentée. Cette expérimentation doit se faire avec un cadre bien défini, car évidemment ce n’est pas un métier comme les autres, et je crois que personne ne souhaite à sa femme et à ses enfants d’avoir tous les jours vingt « clients » entre leurs cuisses et des sucettes (pas forcement a l’anis) à sucer à longueur de journée.

C’est pourquoi comme toutes les politiques ont jusqu’à présent échoué, il faut penser différemment, mais il faut avant tout redire que la cause de la prostitution est d’origine économique et que seule une politique économique vertueuse la fera reculer. Car le plus abject se sont ces jeunes étudiants ou étudiantes, parents célibataires ou chômeurs qui, pour boucler les fins de mois difficiles, commencent par quelques « passes », et se réfugient ensuite dans la drogue. Une loi prohibitionniste aura surtout pour effet de rendre les conditions d’exercice plus difficiles et l’exploitation des personnes fragilisées financièrement ou psychiquement encore plus dure.

Et enfin quelques questions à propos de l’industrie du porno : quelle est la place dans tout cela des films X et de son économie ? Cette industrie à pignon sur rue, non ? Quels sont les statuts des acteurs et actrices, de quel code du travail dépendent ils, comment sont élaborés les contrats de travail ? Y’a-t-il un syndicat qui défend et protège ces salariés ? En gros, tout cela est-il transparent ou y’a-t-il la main invisible …de personnes peu recommandables ?

Voir également  : PROSTITUTION : ALORS, ON FAIT QUOI ?