VIVE L’IMPOT

Depuis des années, malgré les diminutions régulières des dépenses publiques, les suppressions de postes dans la fonction publique et les privatisations, le déficit budgétaire s’amplifie sans cesse. En fait, ce déficit s’accroit au rythme des baisses d’impôts successives accordées à ceux qui pourraient pourtant facilement s’en acquitter !

De cette manière on reproduit en permanence le mythe d’un Etat trop dépensier, puisque le déficit perdure. Ce qui permet de motiver à nouveau la pression sur les dépenses publiques, suivies immédiatement d’une nouvelle réduction d’impôts, c’est une spirale sans fin.

Ajoutons qu’idéologiquement, il existe en France une aversion populaire à l’égard de l’impôt qui saigne le peuple : la taille, la dîme, la gabelle… La classe dirigeante s’appuie habilement sur cette aversion populaire pour véhiculer sa propre haine envers l’impôt. Les économistes et idéologues libéraux y vont de leurs couplets : trop d’impôts tuent l’impôt, la fiscalité décourage l’initiative privée… Alors que la réalité est exactement l’inverse : la baisse des impôts tue la croissance à cause de la diminution des dépenses publiques qui jouent un rôle essentiel sur l’activité économique.

Cette haine de l’impôt permet de justifier les privatisations, le service public est toujours présenté comme improductif et comme quelque chose qui coûte de l’argent. Mais une fois privatisé, ce service, comme par enchantement, est créateur de richesse. Cette vision est une supercherie qui confond productif et lucratif ! Le secteur public n’est pas lucratif, mais il est productif de richesses et contributif de croissance économique tout comme le secteur privé. Evidement ceux qui s’achètent des services privés comme dans l’éducation ou la santé, sont moins enclins à payer des impôts, c’est ainsi que la marchandisation de la société s’installe.

Les baisses massives d’impôt pour les plus riches font que ceux-ci ont de plus en plus d’argent et l’Etat de moins en moins. Donc l’Etat faute de recettes est obligé de recourir à l’emprunt, et à qui emprunte t-il ? Il emprunte à ceux à qui il a fait des cadeaux et qui ont donc de l’argent disponible. Le déficit public remplit une autre fonction : elle nourrit grassement la classe des créanciers de l’Etat ! Cette petite classe de profiteurs cherche à gagner de l’argent sans avoir à s’occuper de produire ou d’investir. Il s’agit ici d’un capitalisme de rente.

C’est pour cette raison que la dette publique n’est pas prête à s’éteindre : c’est un bon placement, lucratif et sans risque. Ce que l’Etat ne prend plus sous forme d’impôts aux plus riches, il doit le leur emprunter ; ces cadeaux fiscaux sont ensuite recyclés en investissement dans l’acquisition de titres de la dette publique (bons du trésor et obligations d’Etat).

Ce sont donc les enfants des créanciers qui hériteront des créances et se feront rembourser, avec intérêts, par les enfants des débiteurs. Ces intérêts viennent grever les dépenses publiques et accroissent le déficit budgétaire, car le payement de ce que l’on appelle les intérêts de la dette coûte cher. D’où la nécessité d’emprunter à nouveau pour payer les intérêts, d’où nouveau déficit et nouvelles dettes. La dette nourrit les intérêts, qui alourdissent la dette. La boucle est bouclée !

Ce phénomène est d’autant plus scandaleux que les créanciers justifient la hausse du taux d’intérêt par le prétendu risque encouru. Or dans le même temps ils demandent aux Etats les plus riches, à l’Europe et au FMI de cautionner et de garantir ces prêts afin de supprimer les risques.

« L’impôt est une contribution commune, également répartie entre les citoyens en raison de leurs facultés » déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789

Article réalisé d’après un document du CIDECOS