REVOLUTIONNAIRE OU REFORMISTE ?

Pourquoi les partis dits de gauche ne sont pas capables de faire l’union, de combattre tous ensemble main dans la main ? L’union pour qui, dans quel but, pour quoi faire ? Il n’existe pas une gauche, mais des gauches : des gauches réformistes et des gauches révolutionnaires, pas dans le sens de la lutte armée, bien sûr !

Ce qui  distingue un parti révolutionnaire de l’appareil du FDG par exemple, n’est pas seulement la relation au PS, mais le fait que les seconds sont réformistes, nomenclaturistes et institutionnalistes. C’est à dire que pour eux, les logiques d’alliances sont décidées par les directions du parti, et non par la base. De même que les actions sur le terrain ne sont qu’un moyen pour gérer les réformes dans le cadre de l’appareil d’état tel qu’il est. La relation du FDG au PS est très forte, en termes de postes dans les collectivités, les départements et les régions. Cela permet au social libéralisme d’exercer un chantage permanent sous couvert d’accords tactiques aux législatives ou aux municipales sur la base de désistements réciproques ou de votes au cas par cas, au nom d’une illusoire unité de la gauche contre la droite.

Dans les mobilisations contre la réforme des retraites, alors que les raffineurs occupaient les dépôts, au moment où le mouvement cherchait à passer à la vitesse supérieure, seul le NPA et SUD demandaient la grève générale. Mélenchon demandait un référendum, pendant que le PC, la CGT et les autres faisaient la sourde oreille. Les partis réformistes avaient intérêt à isoler les discours d’extrême gauche ou révolutionnaires afin de détourner le débat et de ne pas poser les questions de fond.

Savoir si une grève générale était possible est une question à étudier. Mais dans le cas présent,  il s’agissait avant tout pour Mélenchon et son Front De Gauche d’éviter par tous les moyens que le mouvement n’aille plus haut. Car plus haut cela posait une question politique de légitimité entre le mouvement populaire et les institutions de l’appareil d’état. La logique n’était donc pas de renverser le gouvernement, ni de créer une crise politique, mais simplement de reprendre la main. Pour certains, le mouvement social n’est qu’une béquille pour arriver à traiter des choses plus sérieuses par le haut.

La stratégie de ce type de réformisme qui est spécifiquement institutionnaliste et bureaucratisé ne renvoie pas forcement aux relations au PS, mais elle renvoie aux relations privilégiées à l’appareil d’état. J-L Mélenchon eut l’intelligence de comprendre que le glissement à droite du PS était tel qu’il ouvrait un espace pour un nouveau réformisme.  Il y avait un créneau à l’extérieur pour ses objectifs personnels.

Ce qui fait les bonnes réformes c’est quand la classe populaire montre les dents. En fait, les partis institutionnels n’ont pas envie de grands mouvements populaires qui s’émanciperaient de leurs tutelles, et il faut se souvenir que les grandes avancées sociales, notamment en 36, ont été arrachées par la lutte, et non par la volonté d’un gouvernement, fût-il de gauche.

La démocratie du système,  telle qu’elle est, est en crise car elle produit sans cesse des politiques à l’image de la classe dominante. Tant que l’on accepte cet état de fait, il devient très compliqué de se battre contre les politiques menées par les gestionnaires de l’état bourgeois. Il faut construire une  autre forme de légitimité démocratique, celle du bas vers le haut, celle du contrôle populaire permanent, celle qui fait les vraies unités et qui construit des outils de résistance  réels. Le pouvoir des travailleurs et l’auto organisation de la classe populaire, sont les conditions d’un véritable changement, bien au delà de toute alliance  et magouillage politique, de quelque nature qu’ils soient. Alors, entre gauche réformiste ou gauche révolutionnaire, à vous de choisir!

Jean Pierre ACASOCA

9 réflexions sur “REVOLUTIONNAIRE OU REFORMISTE ?

  1. J’ai tout de même du mal à comprendre comment on peut dire que pendant la réforme des retraites, pour le Front de Gauche, il s’agissait avant tout d’éviter que le mouvement aille plus haut.

    Ce n’est pas vrai. Mélenchon a simplement dit que ce n’était pas son rôle en tant qu’homme politique de décider d’une grève générale. On peut ne pas être d’accord avec sa conception de la relation entre syndicalisme et organisation politique, mais il n’est pas juste d’en tirer des conclusions parfaitement fausses.

    La grève générale n’a pas eu lieu principalement pour la raison que l’ensemble des salariés n’y étaient pas prêts. Et cette impréparation, toute la gauche en est responsable : certes, on peut critiquer les manières du tandem Thibaut/Chérèque. Mais le sectarisme des « révolutionnaires » à l’encontre de ceux qu’ils qualifient de « réformistes » est aussi une cause d’échec des luttes. Au lieu d’opposer base et sommet comme le fait cet article, tout le monde devrait être d’accord sur le fait que l’union doit se construire à tous les niveaux.

  2. mouais, m’nefin, je n’ai pas envie non plus de me retrouver dans une cabine téléphonique pour une AG, non plus… quelque soit la pureté de vos itnentions. A force de tropd ‘absolutimse, on finit aps se retrouver bien seuls, non ?

  3. Vous écrivez « Dans les mobilisations contre la réforme des retraites, alors que les raffineurs occupaient les dépôts, au moment où le mouvement cherchait à passer à la vitesse supérieure, seul le NPA et SUD demandaient la grève générale. Mélenchon demandait un référendum, pendant que le PC, la CGT et les autres faisaient la sourde oreille »

    C’est juste, à une erreur prêt, FO était aussi pour la gréve générale. Par la suite, Mélenchon a félicité B.Thibault et F.Chérèque pour leur combat contre la loi sur les retraites. Je ne comprends pas ces félicitations !!!!. Dans les faits, la GCT, CFDT, ont refusé la grève générale, pour éviter l’affrontement avec le pouvoir. C’était une capitulation pour quel but ?

    Aujourd’hui Thibault soutient Mélenchon et Chèrèque Hollande. Je n’ose pas croire que l’intérêt des partis et de leur organisation est passé avant l’intérêt des travailleurs et du peuple français.

  4. Cet article laisse entendre que Mélenchon préférait parler d’un référendum que de la grève générale, en fait c’est bien pire, il défendait le référendum contre la grève générale. Le 5 octobre sur france2, il a été demandé à Melenchon s’il était pour la grève générale, voilà sa réponse :
    « Je suis un républicain, je suis pour la démocratie et non pour le sang versé. Je suis donc pour un référendum sur la question pour régler le problème de façon démocratique. » On voit très bien ici qu’il oppose d’un côté la grève générale qu’il associe au sang versé et de l’autre le référendum qui est républicain et démocratique. Mélenchon semble oublier que le sang versé l’est bien plus souvent par les républicains démocrates que par les révolutionnaires grévistes. Ainsi, avait-il déjà fêté l’anniversaire de la 3ème république qui s’est bâtie sur le sang de plus de 30 000 communards. Les bons républicains démocrates qu’étaient Thiers et Mac Mahon, ont fait couler le sang des communards dont l’insurrection allait plus loin que la grève générale.
    Mais intéressons-nous à la suite de la réponse de Mélenchon : « Je ne me prononce pas sur la grève, je laisse les syndicats faire leur boulot. »
    Ainsi Mélenchon se prononce contre la grève générale mais estime ne pas devoir se prononcer sur la grève tout court. Cette séparation artificielle avec d’un côté les syndicats qui s’occuperaient des grèves et de l’autre les politiciens qui s’occuperaient des institutions (élections, référendums…) est une des marques de fabriques du réformisme. Cette séparation n’a aucune raison d’être, les syndicats sont les organisations des travailleurs, ils ont donc toute latitude à s’intéresser aux institution, à quel pouvoir, exercer par qui et comment, ce n’est pas l’apanage de politiciens professionnels (comme le sieur Mélenchon, 20 ans sénateur, ancien ministre, actuel député européen). A l’inverse, l’idée que les politiques n’auraient pas à s’occuper des luttes des travailleurs est honteux, les place dans une situation hors classe, hors sol. Surtout, on voit bien que cette altitude, ce recul, cette neutralité, à ces limites, tant que leurs chères institutions, leur chère république, est à l’abri. Quand il est question de grève générale reconductible, d’un coup ils peuvent s’exprimer, pour s’y opposer avec virulence et calomnies.

  5. Désolé, Kuota, mais ce n’ est pas une analyse. Une analyse çà consiste à observer la réalité pour en tirer des conclusions. Là, on a quelqu’ un qui essaye de faire cadrer la réalité avec un schéma préconçu. Le problème ici, c’ est que la réalité a beaucoup changé depuis la conception du schéma. On est plus dans la croyance que dans l’ analyse politique. Cette négation ou incapacité de le voir fait de ce genre de personne les alliés objectifs du système en aboutissant à la conclusion suivante : ne votez pas pour ceux qui ont une chance de porter un vrai coup à l’ ultralibéralisme, continuez plutôt à subir ce système en attendant la terre promise, le fameux jour où tous les travailleurs descendront dans la rue pour imposer aux méchants le paradis sur terre .

  6. les grandes avancées sociales, notamment en 36, ont été arrachées par la lutte, et non par la volonté d’un gouvernement, fût-il de gauche.

  7. « les grandes avancées sociales, notamment en 36, ont été arrachées par la lutte, et non par la volonté d’un gouvernement, fût-il de gauche. »

    D’où la stratégie préconisée par le magazine « Fakir » : le lendemain de la victoire du candidat de « gauche » à la présidentielle tout le monde boostés par l’ambiance de victoire, se met en grêve, avec occupation d’usine, paralyse la France pour le forcer à faire les réformes qu’il n’avait pas envie de faire.

  8. @Kuota qui dit : Ma principale critique du programme du Front de gauche c’est qu’il veut une assemblée constituante avec l’élection, donc il y aura des politiciens carrièristes

    Il n’y aura pas de politiciens cariéristes !
    Je me permet de rappeler le principe de l’assemblée constituante prévue dans le programme du Front de Gauche : Elle sera élue à la proportionnelle intégrale sans seuil, avec la parité. Les parlementaires en exercice ne pourront s’y présenter et les élu-es de la Constituante ne pourront être candidats aux élections suivantes. Les modalités de l’élection et du débat public seront établies après consultation des organisations sociales.

  9. Analyse assez fine je trouve. Je pense aussi qu’il y a un fossé qui sépare le Front de Gauche du NPA, l’un croit en une révolution par les urnes, et l’autres par la grève générale.

    A mon avis ont doit tout essayer. Ma principale critique du programme du Front de gauche c’est qu’il veut une assemblée constituante avec l’élection, donc il y aura des politiciens carrièristes. Je pense que le peuples doit écrire la constitution. (tirage au sort + référendum).

    http://info-resistance.org/

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