LE PATRONAT AVAIT ANNONCE LA COULEUR DEPUIS LONGTEMPS

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Le grand projet du patronat français et européen, celui qui progresse dans les faits, jour après jour, c’est une France et une Europe du recul social. On a beaucoup subi, et l’inquiétude grandit devant ce qui s’annonce. Mais, ce qui se met en place est pire que ce que s’imagine la plupart de ceux qui s’inquiètent. Et pourtant tout avait déjà été dit à la fin des années 1980, encore une fois on ne peut pas dire « On ne savait pas ! » …

Rappelons nous les déclarations de M. Perigot président du CNPF, l’ancêtre du Medef : « On va enfin dépoussiérer la société française, nous dit-il, la débarrasser de ses scories ». « Quelle est la finalité de l’Europe, en matière sociale ? », ajoute-t-il, et la réponse est « à mon sens, c’est la flexibilité ». La grande erreur, nous avertit M. Périgot, serait de « rêver de vivre tous comme ceux qui vivent le mieux ». Et sans s’embarrasser de formules, il continue : « Unie, l’Europe devra définir un nouveau type de rapports sociaux fondés sur la flexibilité, le respect des différences, l’épanouissement des aspirations individuelles. Personne ne saurait gagner la bataille de l’Europe en préservant frileusement les acquis d’un monde aujourd’hui révolu. » Les commentaires sont inutiles. M. Périgot dit tout, dans son langage de grand patron, L’Europe qu’il veut vraiment nous faire, c’est celle-là, La France qu’il veut , c’est celle qui accepte ce fantastique effondrement social.

Que valent alors à la même époque les discours de F. Mitterrand, Président de la République, qui affirme : « l’Europe sera sociale ou ne sera pas » et déclare qu’il « ne veut pas d’une Europe dans laquelle il y aurait une régression ». M. Giscard d’Estaing se répand à son habitude en déclarations de bonnes intentions, tandis que le Président de l’Assemblée Nationale, M. Laurent Fabius, affirme vouloir « l’Europe sociale vers le haut ». C’est fou ce que les bonnes intentions peuvent s’afficher par les temps qui courent ! En réalité, c’est tout le contraire qui se fait, et tous le savent d’autant mieux que cela résulte des décisions sur lesquelles s’accordent les chefs d’Etats et de gouvernements. C’est M. Périgot qui dit la vérité ! Ce qui est voulu, décidé, et déjà en route en France même et dans chacun des douze pays de la Communauté, c’est bel et bien la mise en concurrence des travailleurs de ces pays pour aligner vers le bas leurs conditions sociales, car l’objectif est la destruction des acquis sociaux.

Déjà  le budget de 1990 est le premier budget que l’on peut qualifier d’essentiellement européen. Les choix européens dictent les mesures qu’on applique déjà dans notre pays.  Des statuts publics vidés de leur contenu, une protection sociale laminée, la disparition d’un tiers des lits d’hôpitaux, individualisation de la formation professionnelle, élaboration d’une classification des emplois du niveau de CAP dans une série de branches industrielles, préfigurant une « Convention collective européenne » dont on peut imaginer le contenu ! Il aligne étroitement l’évolution de l’économie française sur les « performances » allemandes en matière monétaire et en matière de prix. Il met en pratique l’ouverture tout azimut, dans la perspective de la mise en place du grand marché communautaire. Le résultat, c’est déjà une réduction massive d’impôts, évaluée à 15 milliards environ, pour le capital. Et pour compenser, une nouvelle réduction des dépenses socialement utiles atteint particulièrement le secteur public où la rigueur salariale régnera plus que jamais, et où une nouvelle réduction d’effectifs de l’ordre de 1,5 % est prévue.

Depuis la situation n’a cessé d’empirer années après années. C’est à cela que l’on doit faire face, et contre quoi il faut lutter. Il faut une réplique d’envergure du niveau de l’agression dont les travailleurs sont l’objet en France et dans l’ensemble des pays de la Communauté Européenne. Car tous les gouvernements qui se sont succédé depuis 1990 ont fait une politique de droite. Çà fait du mal à entendre, mais le PS n’est plus à gauche, et le PC est moins à gauche que le PS d’il y a 30 ans, on dérive vers une droitisation des idées, une acceptation  du recul social. Les syndicats ont aussi leur part de responsabilité depuis qu’ils sont devenus des « partenaires  sociaux » et qu’ils acceptent les mascarades de négociations orchestrées par le Medef et les politiques à sa botte. La Confédération européenne des syndicats (CES) fait un constat de situation qui n’est pas différent de celle –ci, mais  ce qui manque, c’est l’action. Elle critique, mais se prête à la mise en œuvre de l’intégration telle que l’imposent capitalistes et gouvernements. On ne pourra pas dire qu’on n’avait pas été prévenu … Mais depuis une eau pas très claire a coulé sous les ponts de la Gauche et du syndicalisme de classe.

YAN HAMAR d’après cet article