LA FRAUDE DES MOTS

Si  les  mots  ont  un  sens,  leur  mauvaise  utilisation  peut  nuire  gravement  à  la démocratie.  La  manipulation  du  langage  est  une  constante  de  tous  les  régimes totalitaires. Cela leur permet de changer le monde à leur avantage. Aucun mot n’est anodin, surtout utilisé par des spécialistes en communication.  

Pour faire croire que dans une entreprise tout le monde est logé à la même enseigne, on ne parle plus de salariés mais de : «collaborateurs». Bien sur parfois il arrive que l’on  soit  obligé  de  se  séparer  de  ses  collaborateurs,  lorsque  par  exemple  les actionnaires demandent plus de dividendes, pardon, lorsque que l’on veut consolider l’entreprise pour lui permettre d’affronter la concurrence.

On  licencie  moins  (bien),  on  restructure  (pas  bien).  Les  «restructurations»  sont obligatoires  pour  faire  face  aux  défis  de  notre  temps  :  c’est  à  dire  une  meilleure exploitation des salariés. On se sépare donc d’une partie de ses collaborateurs, et pour ceux  qui  restent  on  négocie  «la  flexibilité»,  que  l’on  peut  traduire  par  la  mise  à  la disposition de l’employeur, ce que l’on appelait autrefois exploitation patronale.

Il faut aussi améliorer la «communication», c’est à dire intensifier la propagande du MEDEF  via  le  gouvernement  et  les  différents  médias  pour  baisser  «les  charges patronales»,  autrefois  dénommées  cotisations  sociales  patronales.  Faire  comprendre aux  salariés  que  leurs  «acquis  sociaux»  doivent  être  supprimés  pour  faire  face  aux difficultés  de  l’entreprise  et  affronter  la  mondialisation.  En  clair  pour  rémunérer grassement les actionnaires avec des stocks options, des bonus et des parachutes dorés.

Répéter inlassablement que les caisses sont vides que «l’état providence»ne peut pas tout.  Mais  peut-être  devrions  nous  plutôt  parler  d’état  re-distributeur,  ce  qui  sous-entend que s’il y a redistribution c’est qu’au départ il y a des inégalités. Et l’on retombe sur l’épineux problème du partage des richesses. Et comme la redistribution ne se fait que dans un sens, il faut en conclure que la providence ne se fait que pour une poignée de privilégiés proches du pouvoir, pour lesquels les caisses ne sont jamais vides !

Pour  faire  avancer  le  pays  nos gouvernants   parlent  constamment  de  «réforme  de l’état», que l’on peut traduire par destruction des services publics. Ceci dans le but de brader  la  santé,  l’éducation,  l’énergie  …  aux  entreprises  des  amis  choisis  par  le pouvoir. Ces entreprises auront des collaborateurs, et pour améliorer la rentabilité on effectuera des restructurations. La baisse des charges et la flexibilité ne suffisant pas, l’Etat  providence,  qui  fonctionne  très  bien  pour  eux,  viendra  à  leur  secours,  et  le contribuable mettra la main à la poche. Le public finance le privé !

Il faut sortir le pays de «l’immobilisme», attention ne pas croire que l’on parle de ces familles qui sont aux affaires depuis des générations. Non, on parle de ces millions de travailleurs qui après de difficiles luttes ont réussi à améliorer leurs conditions. Cela n’a jamais plu à une droite revancharde.

Après  toutes  ces  réformes  vous  avez  de  grandes  chances  de  vous  retrouver  auchômage, c’est à dire en «période d’inactivité». Et là vous risquez de culpabiliser car qui dit inactif dit un peu fainéant. Mais le bon coté de la chose, c’est que même si vous êtes  au  fond  du  trou,  que  vous  devenez  un  déchet,  sachez  que  maintenant  avec  le parler écologique on «valorise les déchets»

«Lorsque les mots perdent leurs sens, les gens perdent
leur liberté»………CONFUCIUS

2 réflexions sur “LA FRAUDE DES MOTS

  1. argumentant sur une marotte personnelle quelque peu orgueilleuse, je me suis surpris à tacher d’expliquer qu’une somme arithmétique était transposable envers l’utilisation d’un vocabulaire pour autant qu’il ne soit pas dévoyé.
    Adepte de la perfection mais désabusé envers la clairvoyance que l’on a toujours et encore confié.

  2. Robert

    Voilà bien la dérive des mots qui glisse vers des sens plus doux pour décrire des situations toujours plus violentes.

    C’est une violence sociale d’une rare cruauté qui atténue la désignation de ce qui fait tant souffrir.
    Subir une agression c’est particulièrement difficle, la voir prendre un nom charmant et anodin vont rend encore plus faible.

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